Giuseppe Verdi
Rigoletto, 1851
en direct de La Fenice
à Venise
Arte
Samedi 2 octobre 2010 à 20h35
En direct de Venise, teatro La Fenice
Rigoletto
(1851) fait figure de pièce maîtresse, volet du tryptique de la
maturité, avec La Traviata et Le Trouvère (1853). L’action superbement
traitée par Verdi, d’après Victor Hugo (Le roi s’amuse) resplendit par
ses éclairs fulgurants en particulier dans la scène finale de la tempête
où se précipite l’action: meurtre de la fille, à cause du père qu’une
malédiction conduit à commettre l’impensable, le plus effroyable des
sacrifices… Tout commence par une scène préalable de cour, où un vieux
prince déchu, raillé par tous et surtout par le bouffon en titre,
maudit cette bonne société cynique et inhumaine, prête à assassiner ses
membres. Mais le favori d’aujourd’hui peut aussi être le disgracié de
demain, et Rigoletto brosse le portrait d’un souverain volage,
inconséquent, narcissique et vert qui n’hésite pas à manipuler, tromper
afin de séduire et conquérir une proie trop ingénue… La victime de
cette machination collective dont le Duc est le bourreau principal, est
la fille de Rigoletto (Gilda), son bien le plus précieux. En perdant ce
qu’il a de plus précieux, Rigoletto mesure combien la malédiction dont
il était le sujet, se réalise dans l’horreur et la tragédie d’une nuit
d’apocalypse.
(1851) fait figure de pièce maîtresse, volet du tryptique de la
maturité, avec La Traviata et Le Trouvère (1853). L’action superbement
traitée par Verdi, d’après Victor Hugo (Le roi s’amuse) resplendit par
ses éclairs fulgurants en particulier dans la scène finale de la tempête
où se précipite l’action: meurtre de la fille, à cause du père qu’une
malédiction conduit à commettre l’impensable, le plus effroyable des
sacrifices… Tout commence par une scène préalable de cour, où un vieux
prince déchu, raillé par tous et surtout par le bouffon en titre,
maudit cette bonne société cynique et inhumaine, prête à assassiner ses
membres. Mais le favori d’aujourd’hui peut aussi être le disgracié de
demain, et Rigoletto brosse le portrait d’un souverain volage,
inconséquent, narcissique et vert qui n’hésite pas à manipuler, tromper
afin de séduire et conquérir une proie trop ingénue… La victime de
cette machination collective dont le Duc est le bourreau principal, est
la fille de Rigoletto (Gilda), son bien le plus précieux. En perdant ce
qu’il a de plus précieux, Rigoletto mesure combien la malédiction dont
il était le sujet, se réalise dans l’horreur et la tragédie d’une nuit
d’apocalypse.
Vaine action d’un bouffon maudit
Dans sa pièce, Hugo parlait explicitement de François Ier. Dans l’opéra,
Piave transfère l’action à Mantoue au XVème siècle: même si l’opéra
porte le nom du baryton, le compositeur a surtout réservé de superbes
airs (trois au total) pour le ténor, ce Duc continent et lâche, aussi
inconstant qu’infidèle qui d’ailleurs applique la légèreté qu’il dénonce
chez la femme (La donna è mobile) pour lui-même: comble de
l’hypocrisie!
Piave transfère l’action à Mantoue au XVème siècle: même si l’opéra
porte le nom du baryton, le compositeur a surtout réservé de superbes
airs (trois au total) pour le ténor, ce Duc continent et lâche, aussi
inconstant qu’infidèle qui d’ailleurs applique la légèreté qu’il dénonce
chez la femme (La donna è mobile) pour lui-même: comble de
l’hypocrisie!
Giuseppe Verdi a 38 ans lorsque son nouvel opéra, Rigoletto, est créé à la Fenice de Venise le 11 mars 1851.
Déjà
se dessine une évolution marquante de l’écriture musicale. Moins d’airs
de pure virtuosité, détachés de l’action dramatique, mais une vision
dramaturgique unitaire, dense, resserrée qui fusionne la psychologie
des personnages dans le développement de la catastrophe. Ainsi, si
Gilda chante son air de langueur amoureuse « Caro nome« ,
idéalisant celui qu’elle aime et qui n’est guère qu’un séducteur
déloyal, c’est pour mieux souligner son angélisme aveugle. Un angélisme
d’autant plus émouvant qu’il est sacrifié sans détour à la fin de
l’opéra. Rigoletto raconte en définitive la course d’une
malédiction qui se retourne contre celui qui l’a prononcée. Au final,
le bouffon du Duc, dont le plaisir était la moquerie et la raillerie,
perdra ce qu’il a de plus cher au monde, sa propre fille. Si la pièce Le Roi s’amuse de Victor Hugo (1832), dont Rigoletto
est l’adaptation, ne s’imposa pas sur la scène, il en va autrement de
l’opéra de Verdi dont l’efficacité dramatique étonne et saisit le
spectateur à chaque représentation. Dans l’Italie du XVIème siècle,
aussi raffinée que barbare, c’est à dire d’une certaine manière
décadente, l’amour y dévoile ses deux visages: pur et innocent (Gilda),
inconstant et volage (le Duc de Mantoue). La tendresse d’un père (thème
récurrent chez le compositeur) y suscite le crime, pour sa perte. Quand
Rigoletto commande au lugubre Sparafucile, tueur à gages, le meurtre de
son ennemi, le bouffon n’a pas bien mesuré les enjeux de son plan. Au
jeu social, des hypocrisies et des intrigues, celui qui croyait
prendre…. est berné. Atrocement.
Déjà
se dessine une évolution marquante de l’écriture musicale. Moins d’airs
de pure virtuosité, détachés de l’action dramatique, mais une vision
dramaturgique unitaire, dense, resserrée qui fusionne la psychologie
des personnages dans le développement de la catastrophe. Ainsi, si
Gilda chante son air de langueur amoureuse « Caro nome« ,
idéalisant celui qu’elle aime et qui n’est guère qu’un séducteur
déloyal, c’est pour mieux souligner son angélisme aveugle. Un angélisme
d’autant plus émouvant qu’il est sacrifié sans détour à la fin de
l’opéra. Rigoletto raconte en définitive la course d’une
malédiction qui se retourne contre celui qui l’a prononcée. Au final,
le bouffon du Duc, dont le plaisir était la moquerie et la raillerie,
perdra ce qu’il a de plus cher au monde, sa propre fille. Si la pièce Le Roi s’amuse de Victor Hugo (1832), dont Rigoletto
est l’adaptation, ne s’imposa pas sur la scène, il en va autrement de
l’opéra de Verdi dont l’efficacité dramatique étonne et saisit le
spectateur à chaque représentation. Dans l’Italie du XVIème siècle,
aussi raffinée que barbare, c’est à dire d’une certaine manière
décadente, l’amour y dévoile ses deux visages: pur et innocent (Gilda),
inconstant et volage (le Duc de Mantoue). La tendresse d’un père (thème
récurrent chez le compositeur) y suscite le crime, pour sa perte. Quand
Rigoletto commande au lugubre Sparafucile, tueur à gages, le meurtre de
son ennemi, le bouffon n’a pas bien mesuré les enjeux de son plan. Au
jeu social, des hypocrisies et des intrigues, celui qui croyait
prendre…. est berné. Atrocement.
Rigoletto sur Arte
L’opéra de Verdi inspire les chaînes en cette rentrée 2010: après France 3, Arte pour ses 20 ans,
diffuse en direct l’ouvrage de Verdi depuis La Fenice à Venise. Sous la
direction de Myung-Whun Chung (mise en scène: Claudio Marino Moretti).
Avec Roberto Frontali (Rigoletto), Désirée Rancatore (Gilda), Eric
Cutler (le Duc de Mantoue)…
Arte, samedi 2 octobre 2010 à partir de 20h30 en direct de La Fenice de Venise
diffuse en direct l’ouvrage de Verdi depuis La Fenice à Venise. Sous la
direction de Myung-Whun Chung (mise en scène: Claudio Marino Moretti).
Avec Roberto Frontali (Rigoletto), Désirée Rancatore (Gilda), Eric
Cutler (le Duc de Mantoue)…
