Tannhaüser, version 1875
Du 17 au 29 juin 2012
Nouvelle production
Le Capitole toulousain propose une nouvelle production du chef d’oeuvre romantique de Wagner, Tannhaüser, composé en 1845… C’est le manifeste des conceptions esthétiques de Wagner qui s’y met en scène, offrant une singulière définition de l’artiste confronté à la nécessité d’intégrer la société. L’amour est un véhicule moteur ici, il permet à l’âme toujours passionnée de l’artiste créateur de s’épanouir; entre amour voluptueux et charnel (Vénus) et amour chaste et pondéré (Elisabeth), quelle voie choisit le créateur? Pourtant bercé par l’ivresse bienheureuse des sensualités offertes, le peintre Tannhaüser s’ennuie. Sa quête doit satisfaire une exigence spirituelle… Le salut du compositeur se réalise aussi dans l’affrontement et la critique de l’ordre bourgeois. Wagner est bien le premier à en faire la dure expérience, du moins dans la première partie de sa carrière.
La nouvelle production à Toulouse réunit une distribution prometteuse: Peter Seiffert en Tannhaüser (sauf le 24 juin, où il est remplacé par Torsten Kerl), Jeanne Michèle Chardbonneret (Vénus)… Hartmut Haenchen, direction. Christian Rizzo, mise en scène. 6 dates, du 17 au 29 juin 2012
vidéo
Nouvelle production de Tannhaüser de Wagner au Capitole de Toulouse, jusqu’au 29 juin 2012
Hartmut Haenchen, direction. Christian Rizzo, mise en scène
L’homme en quête de son salut. Tannhäuser a goûté au Venusberg, le
poison des plaisirs. Revenu dans le monde réel, il prend conscience de
l’étendue de sa faute dans le chagrin qu’il inflige à Elisabeth, la nièce
du Landgrave. Peut-il être sauvé ? Le regret efface-t-il le poids de la
culpabilité ? Sur le sujet d’un pardon improbable, Wagner a composé et
écrit le livret d’un opéra en trois actes : Tannhäuser, créé à la Cour
de Dresde le 19 octobre 1845.
Créé
à la cour de Dresde le 19 octobre 1845, l’œuvre illustre la légende
médiévale tout en offrant le théâtre musical romantique. Ni historique
ni sentimental mais humain, profondément humain. Le compositeur
approfondira encore la psychologie des caractères et l’impossibilité du
rapport homme/femme avec Lohengrin (1848). Peu à peu, se précise le nouveau théâtre lyrique allemand, depuis Mozart (L’Enlèvement au sérail), Beethoven (Fidelio), surtout Weber (le Freischütz).
Wagner donne enfin un théâtre musical digne des aspirations littéraires
des grands romantiques, tel Goethe qui avait reconnu dans l’Enlèvement au sérail de Mozart, ce théâtre de l’avenir, porteur des espoirs pour une poésie devenue musique.
Dans Tannhäuser, Wagner expérimente déjà les grands thèmes de la dramaturgie à venir, celle qui est à l’oeuvre dans l’Anneau du Nibelung puis de Parsifal. La malédiction du héros trouve une ultime rédemption grâce à l’amour d’une femme: ici Elisabeth permet
au chevalier de se défaire de la fatalité et des ensorcellements de
Vénus. Femme pure et femme vénéneuse. Plus tard, dans Parsifal,
Kundry fusionne les deux aspects. Elle est la figure pêcheresse qui
absorbe jusqu’à la mort le péché des hommes. Wagner avait déjà abordé le
thème de la femme rédemptrice dans le Vaisseau Fantôme, faisant
de Senta, celle qui permet également au voyageur errant de se libérer du
cycle de la solitude maudite. Seul Elsa, dans Lohengrin qui suit Tannhaüser,
marque un échec entre homme et femme. L’amoureuse ne peut donner sa
confiance à celui qui lui est apparu.Et ce dernier, repart finalement,
la laissant morte au terme d’une véritable initiation dont elle n’a pas
compris le sens.
Malédiction
ou rédemption, vénalité ou vertu, désir de meutre ou aspiration
mystique, le théâtre de Wagner porte une exceptionnelle énergie de
dépassement des cadres classiques de l’opéra. Avec lui, musique et
théâtre fusionnés redéfinissent la notion de dramaturgie. Opéra
romantique, opéra de l’avenir, son oeuvre allait marquer de façon
indélibile l’histoire du genre lyrique en Europe.
Paris
accueillera après Dresde l’ouvrage dans une version révisée par le
compositeur lui-même et portée sur la scène en 1861 en suscitant un
scandale mémorable. Quelle sera la vision défendue à Toulouse, épure vers une mystique espérée ou accentuation du dilemme du
chevalier ménestrel entre l’attrait du désir et le renoncement?
Frénésie, repentir, … et souvent impuissance: tel est bien l’épopée du héros wagnérien.
Richard Wagner : Tannhäuser (créé à Dresde en 1845). Toulouse présente la version tardive de Vienne (1875) qui intègre les ajouts pour la version parisienne de 1861.