lundi 5 mai 2025

Werther de Massenet à l’Opéra Bastille

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Paris, Opéra Bastille. Massenet : Werther. Du 19 janvier au 12 février 2014.

S’il ne décommande pas c’est Roberto Alagna qui chante à l’Opéra de Paris – après l’incarnation mémorable de Jonas Kaufmann (!) ce qui sera certainement son dernier grand rôle sur les planches parisiennes : Werther de Massenet (1892) d’après Goethe. A 50 ans, Jules Massenet signe l’un de ses chefs d’oeuvres avec Manon et Esclarmonde. Y pleurent et le jeune héros impuissant à aimer et enlever celle qu’il aime de tout son être, et sa bien aimée Charlotte que le devoir (toujours) et une promesse énoncée trop vite, obligent à en épouser un autre (Albert)…  Triste temps pour les amants romantiques, mais il est vrai pas assez rebelles, trop conformes dans leur vie fade et bourgeoise pour oser s’aimer librement… seraient-ils comme Eugène Onéguine et la jeune Tatiana (dans l’Opéra de Tchaïkovski) eux aussi incapables d’agir ? Comme voués à une inertie mortelle. Au final, nous voilà bien face à un lent et inéluctable Requiem pour un jeune romantique trop faible et décalé.
Dans la mise en scène de Benoît Jacquot (créé originellement à Londres en 2004), et sous la conduite ductible, vibrante de Michal Plasson grand connaisseur de la partition, Karine Deshayes est Charlotte, elle aussi, succédant à une précédente mezzo frappante par son intensité vocale : Sophie Koch.

Opéra Bastille
Du 19 janvier au 12 février 2014

 

 

 

Requiem pour un jeune romantique

 

 

WertherWerther est d’abord  créé à l’Opéra Impérial de Vienne, le 16 février 1892, en allemand, sous la direction du compositeur. L’ouvrage est créé en français à Genève le 27 décembre 1892. D’après le roman de Goethe, découvert par Massenet depuis son séjour à Bayreuth en 1886, Werther est un opéra proche de sa source littéraire, contrairement aux adaptations lyriques de Gounod (Faust) et de Thomas (Mignon), plus fantaisistes vis à vis du modèle goethéen.
Massenet cependant réserve à Charlotte une place aussi importante que Werther, ne résistant pas à développer les ressources expressives et dramatiques que permet ce duo amoureux impossible. La non réalisation  comme dans Eugène Onéguine, est la clé de leur relation; le compositeur réussit d’ailleurs un opéra lumineux par ses déclarations sombres, ses reports mélancoliques qui finissent par ronger le coeur du trio Albert/Charlotte/Werther.
Les couleurs de l’orchestre soulignent en définitive ce qui reste un opéra intimiste, à l’écoute des vertiges de l’âme… Ame romantique, donc tourmentée et en conflit, jamais apaisée, toujours en quête d’un idéal inaccessible.

En classique français, Massenet se garde d’adopter le wagnérisme ambiant: son écriture garde cette élégance transparente et fine, emblème de son style « XVIIIème ».  A l’origine pour ténor, le rôle-titre fut ensuite réécrit par Massenet en 1902, pour le baryton Mattia Battistini. De sorte que nous avons à présent, validées par l’auteur lui-même, deux versions de Werther de Massenet, l’une pour ténor, l’autre pour baryton.

 

 

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